Les venins de serpent - Partie 1

La nature est subtile, discrète et nous réserve, quelquefois, des surprises. L'image charmante de certaines espèces occulte leurs capacités de défense, qui s'avèrent bien plus puissantes que ce à quoi on pouvait s'attendre !
Un venin est défini comme un mélange complexe de substances toxiques sécrétées par certains animaux pour leur défense et pour l'immobilisation de leur proie. Il est essentiellement constitué de toxines et d'enzymes. Sa composition varie selon l'espèce, évidemment.
Mais, cet article se consacre aux venins des serpents !


  • Quand est-ce que le venin est apparu chez les serpents au cours de l'évolution ? 

Au milieu de la période du Tertiaire, les serpents étaient plus robustes et étouffaient leurs proies avant de les engloutir. Mais au cours du temps, les milieux prairiaux ont remplacé les forêts denses. Ces reptiles se sont adaptés en devenant plus petits mais plus agiles ! Il était plus difficile pour ces petites espèces d'attraper des proies. Lors du Miocène, le venin et les glandes sécrétrices sont "apparus" permettant aux serpents de contrôler plus facilement leurs proies. Evidemment, ce n'est qu'une hypothèse ! Autant vous dire que certains pensent que le venin est apparu beaucoup plus tôt au cours de l'évolution : lors du Crétacé Supérieur.


  • Comment le venin est-il sécrété ? 
Il est produit par les glandes parotides et est stocké dans les alvéoli (des petits sacs situés derrière les yeux du reptile). En empruntant des canaux, il est éjecté par les crochets dans le tégument de l'organisme ciblé. Cette morsure peut être suivie d'une envenimation.

Anatomie encéphalique d'un serpent : sécrétion du venin


  • De quoi est vraiment constitué le venin de serpent ? 
En fait, je devrais dire : de quoi SONT vraiment constituéS leS veninS de serpent. La toxicité des venins varie selon les espèces. Plus la concentration en enzymes est importante, plus le liquide sera toxique. On peut donc y trouver des protéases permettant de détruire les tissus ou bien des hyaluronidases qui permettent au venin de se propager plus vite (en augmentant la perméabilité des tissus) et bien d'autres protéines encore ! On y trouve aussi des bases azotées, des métaux et des acides aminés etc...


  • Leurs fonctions ? 
En plus d'immobiliser leurs proies pour les manger et les digérer, les serpents utilisent leur venin pour se défendre. Les composés actifs (que sont les enzymes et les toxines) agissent sur différentes parties de l'organisme ciblé : le système nerveux, le système cardio-vasculaire et le système sanguin.



Mais dans cet article, j'ai envie de vous parler des neurotoxines, qui agissent donc sur le système nerveux. Si on se met dans le contexte, le message nerveux est véhiculé par les neurones et les synapses (les jonctions reliant deux neurones). Ces messages nerveux sont traduits sous-forme de signaux électriques : les potentiels d'action. Au niveau des synapses, le message est de nature chimique.  Elles sont donc des zones où affluent les neurotoxines ! Ces dernières bloquent ou modifient l'activité de protéines membranaires présentes sur les neurones comme les canaux ioniques (ce sont des protéines qui filtrent le passage des ions d'un milieu à un autre à travers la membrane cellulaire).

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Mamba noir (Dendroaspis polylepis)


Je vais détailler le mode d'action d'une neurotoxine présente dans le venin d'un des serpents les plus venimeux du monde (le Mamba noir : Dendroaspis polylepis) : la dendrotoxine.
Cette toxine présynaptique bloque un type de canaux potassiques voltage-dépendants dans les neurones, ce qui engendre une forte libération d'acétylcholines (un neurotransmetteur impliqué dans la mémoire, l'apprentissage et l'activité musculaire) au niveau des synapses. Cette libération provoque ainsi une contraction des myofibrilles musculaires, suivie d'une paralysie du muscle.
En moyenne, la morsure d'un mamba noir inocule entre 100 et 120 mg de venin. Cette quantité de substance injectée suffirait pour tuer entre 12 et 40 personnes !
Mécanisme d'action d'une dendrotoxine au niveau d'une jonction synaptique


Il existe aussi des toxines postsynaptiques qui traversent la fente synaptique et se fixent sur les récepteurs nicotiniques à l'acétylcholine empêchant ainsi l’interaction entre le neuromédiateur et le récepteur.

Voilà, j'espère que cet article vous a plu, n'hésitez pas à laisser un commentaire ! Lors d'un prochain article, je vous parlerai d'autres venins qui sont passionnants à analyser. De plus, nous nous pencherons davantage sur les mécanismes de sécrétion.

source : http://toxinesanimales.blogspot.fr/



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