Le Chamois (Rupicapra rupicapra)

Ça faisait assez longtemps que je n'avais pas écrit d'article sur un mammifère. J'ai donc choisi de vous parler d'un gracieux bovidé : le Chamois des Alpes. Autant dire qu'avec la marmotte, il figure parmi les animaux stars des Alpes ! On pourrait croire que les chamois sont des êtres complètement banaux et pourtant... dans plusieurs domaines de la bio, ils recèlent bien des particularités ! 

Bon, je ne vais pas perdre de temps à vous présenter les principaux traits morphologiques du Chamois, tout le monde sait à quoi il ressemble, passons plutôt à une analyse plus subtile ! 
Comme l'indique l'étymologie latine de son nom scientifique, le Chamois est la "chèvre des rochers" (Rupicapra). Vous vous en doutez, cet animal vit dans des milieux au relief escarpé entre 300 et 3000 mètres d'altitude ! 
Pourtant, son habitat n'a pas toujours été celui de type montagneux. Lors de la glaciation de Würm (qui s'est terminée il y a 11 000 ans, je m'en souviens comme si c'était hier), le Chamois a colonisé les plaines de presque tous les pays d'Europe, en témoignent les fossiles retrouvés. Ainsi, les différentes sous-espèces seraient apparues juste après la régression de la calotte glaciaire, lors du repeuplement des montagnes. 
En ce qui concerne cet article, j'ai pris des photos de Rupicapra (genre) rupicapra (espèce) rupicapra (sous-espèce) (Non, je ne bégaie pas). On la croise dans les Alpes et le Jura, principalement. 
Je vais d'abord présenter quelques éléments anatomiques du bovidé puis je me pencherai davantage sur l'examen écologique !



Le Chamois est un animal ruminant, comme la vache ! Il est donc muni d'un estomac composé de plusieurs poches, permettant une digestion de molécules complexes (ex : la cellulose présente dans les végétaux dont il se nourrit). Pour être exact, on parle plutôt de rumen (= la panse) relié à 3 autres parties (le Réticulum, l'Omasum et l'Abomasum), contenant un riche microbiote (l'ensemble des bactéries symbiotiques aidant à la dégradation des aliments).  Mais, ce qui est assez marrant chez cet animal est la présence de bézoards (égagrophiles, si vous souhaitez vous la péter). En fait, ce mot assez moche vient de l'arabe signifiant "perle d'estomac" : c'est un petit conglomérat de débris de végétaux mêlés à des poils et des substances non digérées (comme la résine). Cette boule est évacuée sans problème. Dans de rares cas, elle peut provoquer la mort de l'animal si elle est trop volumineuse. Mais j'ai bien dit dans de RARES cas ! 

Parlons maintenant de ses cornes ! Chaque corne, constituée de kératines (comme dans nos cheveux!) est composée de la cheville osseuse et de l'étui corné. Ces phanères permettent de déterminer l'âge de l'animal, à condition qu'il en porte, par le biais des anneaux d'âge. 
On peut aussi distinguer le mâle de la femelle en analysant les cornes. En effet, le bouc possède une pointe plus recourbée que celle de la femelle. Les cornes du mâle sont aussi plus massives ! 

Relief rocheux escarpé

Ensuite, le Chamois est considéré comme un organisme capable de s’accommoder de climats et de paysages végétaux très variants. Cet animal côtoie quatre types de reliefs que sont les pentes rocheuses, les plats, les bas de falaises et les crêtes. Il va voyager de milieu en milieu selon les saisons et le type d'activité.
Mais pourquoi choisir des terrains si escarpés ? Peut-être une raison de sécurité. En effet, le chamois est complètement adapté aux milieux accidentés rocheux, comme en témoignent sa rapidité, son agilité ou bien sa quantité élevée de globules rouges dans le sang (12 à 13 millions de globules rouges par millilitre contre 5 millions chez l'Homme !). Aussi, le repas est bel et bien de meilleure qualité à la montagne que sur terrains plats. Par exemple, l'herbe peut contenir jusqu'à 50% de protéines de plus qu'en plaine ! 

Les Chamois vivent la plupart du temps en hardes, composées d'une centaine d'individus, dirigée par une femelle. Ils peuvent communiquer entre eux en émettant un sifflement que l'on appelle le chuintement, un message d'alerte qui est suivi de la fuite de la harde entière.


Pour ne pas mourir lors des hivers très froids, le Chamois est vêtu d'une épaisse fourrure protectrice. C'est un animal homéotherme (sa température reste constante, autour de 39°C).


Lac de l'Agnel dans le Mercantour, exemple de paysage fréquenté par les Chamois

Si j'avais un zoom plus performant, j'aurais pu les prendre encore de plus près ! Une prochaine fois...
Ce sont les bouquetins que l'on a pas ratés du tout, en revanche !

Bouquetin des Alpes


Voilà, j'espère que cet article photo vous a plus ! Merci beaucoup de l'avoir lu ! :)


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