L'égalité des sexes ?!

Vous êtes-vous déjà posés la question s'il y avait autant d'hommes que de femmes dans le monde ?
Selon l'INED (Institut National d'Etudes Démographiques), les hommes seraient à peine plus nombreux que les femmes en 2015, exactement 102 hommes pour 100 femmes. Bref, on ne va pas en faire une montagne, les deux sexes sont quasiment en proportion égale. Mais comment expliquer cette quasi-égalité des sexes ?


Déjà, précisons qu'il existe un outil "statistique" simple qui permet de quantifier le nombre de mâles par rapport au nombre total d'individus, c'est le sex-ratio.
Cet "équilibre" entre les sexes se rencontre chez la plupart des populations gonochoriques* dans la nature. Autrement dit, le sex-ratio est souvent égal à 0,5.
Mais, en fait, on pourrait penser que ce sex-ratio n'a aucun sens, un mâle peut très bien féconder plusieurs femelles (par exemple toi quand tu trompes ta f..... ça va, je plaisante) ! Il devrait y avoir un nombre de femelles beaucoup plus important que le nombre de mâles...

Ronald Aylmer Fisher

C'est à ce moment précis que Monsieur Fisher, biostatisticien et biologiste britannique, intervient ! Le principe est le suivant, mes chers lecteurs :
Imaginons une population dans laquelle il naît un peu plus de femelles que de mâles. Le bébé mâle a donc des chances de reproduction plus élevées que les bébés femelles. Il aurait tendance à produire plus de descendants que le sexe opposé. Ainsi, les parents génétiquement déterminés à produire des mâles laissent un nombre de petits-enfants plus élevés que la moyenne (logique). De ce fait, les gènes qui sont disposés à produire des descendants mâles se répandent et les naissances de p'tits gars deviennent plus fréquentes. Quand le sex-ratio se rapproche de 1:1, l'avantage donné à la production de mâles se réduit jusqu'à disparaître. Résultat, 50% de gars et 50% de nanas.
Notons que ce raisonnement est correct en inversant les sexes.





Cependant, vous savez qu'en biologie, il y a toujours un "MAIS". Ce principe a une faille car il repose sur le fait que les mâles et les femelles ont un succès reproducteur similaire. Or, ce n'est pas vraiment le cas...
Parlons d'un exemple tout bêta. En France, à la naissance, le sex ratio est légèrement biaisé en faveur des garçons (0,525). Selon l'INED, ce sont les petits garçons qui naissent le plus (107 mecs pour 100 nanas). Puis  le sex-ratio se stabilise à 0,5 au moment de la reproduction. Ce réajustement s'explique par le fait que les jeunes hommes meurent plus que les jeunes femmes. Faire rouler sa moto sur une roue arrière sur l'autoroute, ou bien partir faire la guerre en Irak peut faire varier le sex-ratio. Ainsi, les effectifs masculin et féminin tendent à s'égaler au bout d'un moment.
Dans le monde, (selon l'étude menée en 2015) ce serait entre 50 et 54 ans que le sex-ratio serait de 0,5. Au-delà de cette tranche d'âge, ce sont les femmes qui deviennent les plus nombreuses !
Bref, un excès à la naissance compense donc cet effet et assure un sex-ratio secondaire équilibré.
Evidemment, ce rapport peut varier fortement en fonction des cultures et des régions du monde.

Proportion d'hommes par rapport à celle des femmes dans la population par pays dans le monde
 Sinon, comment ça se passe chez les autres animaux ?
Chez la plupart des oiseaux et des mammifères, les mâles subissent après la naissance une phase de croissance plus longue que celle des femelles, ce qui demande beaucoup d'énergie. Ces messieurs seraient alors plus sensibles lors d'une période de disette (ou d'un simple manque de nourriture). Ils ont alors plus de "chances" de mourir... Il naît, chez la plupart des espèces, un peu plus de mâles que de femelles. Chez les marsupiaux, la tendance est la même.


Précédemment, je vous disais que le sex-ratio peut être biaisé chez l'être humain pour des raisons culturels, par exemple. Egalement, ce sex-ratio peut-être modifié chez les autres espèces animales ! Et cela, à cause de différents facteurs !

Tiens, prenons un exemple que je connais bien, celui de la température d'incubation des œufs chez les reptiles. Par exemple, chez la tortue, les gènes qui déterminent le sexe de l'individu sont thermo-dépendants, c'est-à-dire qu'ils fonctionnent d'une manière différente selon qu'il fasse chaud ou froid. Chez la tortue d'Hermann, la température de 31,5°C génère autant de mâles que de femelles. En-deçà, nous obtenons plus de mâles et au-delà de cette température, je vous laisse deviner !



Un autre facteur est la densité de population. Par exemple, chez certains cervidés, à faible densité, les femelles dominantes produisent plus de mâles que de femelles et, inversement, lors d'une forte densité.

Enfin dernier exemple, les parasites peuvent aussi biaiser le sex-ratio. C'est le cas d'une bactérie intracellulaire au doux nom de Wolbachia. Cette-dernière vit dans le cytoplasme des cellules de son hôte. Or, dans le but de se propager dans les cellules des futures descendances, la bactérie modifie génétiquement les oeufs mâles de son hôte en oeufs femelles ! Pourquoi ? Car lors de la fécondation, les mâles ne transmettent que le noyau de leur gamète alors que la femelle conserve son noyau et le cytoplasme. Finalement, plus de femelles sont produites, le sex-ratio est biaisé...

Ainsi, selon Fisher, la sélection naturelle favoriserait les individus qui investissent autant d'énergie dans la production et l'élevage/éducation de leurs fils et de leurs filles ! Ce qui expliquerait un sex-ratio proche de 0,5 chez la majorité des espèces à reproduction sexuée. Cependant, il arrive parfois que ce rapport soit affecté par différents facteurs biotiques ou abiotiques. Mais, il se produirait un rapide réajustement. On parlerait ainsi de stratégie évolutivement stable (SES).

Voilà, j'espère que cet article vous a plu ! N'hésitez pas à partager sur les réseaux sociaux s'il vous a plu, ça me ferait vraiment plaisir !
Merci et à bientôt sur l'Odyssée Terrestre !

Lexique
- gonochorisme : en bref, c'est un mode de reproduction qui fait intervenir un mâle et une femelle lors de l'accouplement.


Sources :
- mon cours d'écologie évolutive (lol)
- http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/61420-relations-entre-sex-ratio-et-taille-de-population-chez-les-vertebres.pdf

- Livre performance concours biologie-géologie, 2e année BCPST-véto

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